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  • Les maîtres

    Soirée autour des maîtres. Restaurant du musée des Beaux-Arts. Audrey monte dans ma voiture. Je suis un peu isolé. Beaucoup de normaliens, thésards ou docteurs. Je n'ai pas d'anecdotes sur le bac français cette année. Mes anecdotes sont des anecdotes de bureau. Ma voisine de table parle aussi de sa chef.

    J'envoie un sms à Lucien, comme la veille. Je lui demande simplement s'il est à Lille. Pas de réponse. Je ne passerai donc pas la nuit avec lui. Je ne sais pas où je vais dormir. Jérôme est chez mon père; pas de place pour moi. Je n'ai pas prévenu Niko, ni Nathalie. Je dors dans la voiture, sur une aire d'autoroute. Un endroit que je connais bien. Des voitures s'arrêtent, des hommes en sortent parfois. Le ballet lent et prévisible des phares braqués sur vous pour vous évaluer. Vers cinq heures, une voiture s'arrête près de la mienne. Je me réveille. Le conducteur descend, passe et repasse à côté de moi. Le deal commence, ça prend un peu de temps. J'ouvre ma fenêtre, le contact est bon. Je le laisse entrer. Il n'est ni beau ni mince, ni bien monté, mais le contact est bon. Les cheveux très courts et très doux. Le goût est bon. Ca me va, et je me laisse aller. Il s'appelle Philippe. Il revient de Lille. Il rentre chez ses parents, dans l'Aisne. Il doit avoir quarante-cinq ans. Je ris parce que c'était bien.

    Je dors trois heures.

    Lucien me répond le lendemain. Il n'avait plus de crédit. Il me dit qu'il est à Lille. Je lui dis "trop tard": je suis déjà rentré à Paris. Lucien doit venir le week-end prochain de toute façon. Amandine et Charlotte seront sans doute de la partie. Il y a Fabien, aussi, qui arrive à Paris le 3.

    Lundi soir, j'aide Estelle à déménager. Sa mère sera là. On fera un seul trajet, de son hôtel à son appartement, d'Oberkampf à Montparnasse. Je n'ai pas vu sa mère depuis 1994. Estelle sort à nouveau avec David, mais uniquement pour sa beauté, me dit-elle.

    Promenade dans Paris avec Clélie ce soir. Rue de Rivoli, la Cité, bateau bus, puis bus des Champs-Elysées à la Gare du Nord. Clélie écrit son prénom sur un vieux programme de Théâtre, ciment de l'Europe. Elle ne termine pas sa glace. Elle est jolie dans son imperméable d'été blanc.

    En début de soirée, on s'est arrêtés à la Fontaine des Innocents. Je lui ai dit que la fontaine avait quatre cents ans. Elle a répété: "quatre cents ans!". On a regardé les bas-reliefs, puis on est partis.

    J'ai salué Monsieur Caramatie. Je lui ai parlé de mon parcours depuis la khâgne. La Fontaine des Innocents, Jean Goujon, la couverture du livre de Henri Zerner sur l'architecture française de la Renaissance. Je n'ai pas eu de maîtres, je crois, ou je ne les ai pas encore trouvés. Je n'ai rien contre l'idée. Ou alors je suis passé à côté de mes maîtres.