Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Hygiène

    ne plus fumer
    ne plus manger d'animaux
    ne plus me laver les cheveux
    ne plus me savonner qu'au savon d'Alep
    ne plus acheter de livres
    ne plus voter
    ne plus maudire ma vie

  • L'exposition

    C'était un pré-vernissage. Sophie Calle s'est assise dans une cabine d'une gare de péage et a vu défiler les automobilistes. Sa présence était annoncée sur les panneaux autoroutiers : "Sophie Calle vous attend dans la cabine n° 7".

    Les photos d'Antoine D'Agata étaient très belles : des arbres éclairés au flash en pleine nuit, comme surpris, et nus. J'ai quitté les lieux rapidement pour ne pas gâter cette impression d'une nudité des arbres sur les aires d'autoroute.

    Mon vélib était défectueux. J'ai voulu le changer, mais comme il faut attendre plusieurs minutes pour reprendre un vélib dans la même station, j'ai patienté devant les vitrines des supermarchés érotiques.

    le_masque.jpg

    la_vitrine.jpg

  • Le remplacement du ballon d'eau chaude

    Le plombier m'appela alors que j'avais à peine quitté le bureau. Je lui dis qu'il serait obligé de m'attendre environ vingt-cinq minutes. Il me rappela au bout de trente. J'étais sur le point d'arriver chez moi ; je me trouvais à une encablure environ de l'entrée de l'immeuble. Assis à même le sol, adossés à la porte, je les découvris, le plombier et son apprenti à qui il dispensa moult conseils pendant les deux heures que dura l'intervention. Par exemple, il fallait absolument éviter de fixer un ballon avec une cheville Molly, dont à l'instant je découvre qu'il s'agit d'un nom propre et non de l'adjectif molli, qui était ma foi une piste assez logique. Je sentis que l'apprenti n'entendait rien à la cheville Molly cependant, car on reconnaît aisément celui qui prend un air concentré en écoutant sans y rien comprendre le docte qui essaie de lui transmettre son savoir. J'eus l'idée de lui en montrer quelqu'une, ainsi qu'une pince dite à cheville Molly, car j'ai tout cela dans la boîte à outil de mes toilettes qui sert de support à une pile de magazines ainsi qu'à un seau et à une bassine en plastique auxquels je n'ai pas trouvé de place plus appropriée. Mais je me dis que ce serait peut-être mal interprété. Alors, après avoir enfilé un t-shirt, je me mis au piano, répétant jusqu'au dégoût ma valse obstinée.

  • Les tomates de la rue des Ardennes

    Les plants de tomate, ou devrait-on dire les pieds, ou peut-être les tiges ? mais ce sont les plants qui me paraissent les plus naturels, que dis-je, le plus naturel, et quoi qu’il en soit, s’agissant de ce végétal, de ce fruit et non pas légume comme chacun sait, comment ne pas le qualifier de naturel ? Les plants de tomate, disais-je, ont cette manière incroyable de se hisser vers le ciel en s’appuyant sur une béquille ; sinon je suppose qu’ils rampent, je veux dire dans la nature, quand l’homme et sa conscience réparatrice, élévatrice, calculatrice, ne sont pas là pour redresser ce qui se plaît naturellement à serpenter avec mollesse. Ainsi donc, mes plants de tomate, je leur ai adjoint des tuteurs en bambou ; par là ils ont acquis une espèce de dignité mêlée d’une gracieuse légèreté qui fait l’admiration de l’Est parisien.

    Il faut croire que c’est la chute d’une tomate-cerise (ou d’une tomate cerise ?) sur mon potager-mètre-carré qui a engendré cette luxuriante végétation lycopersique. Il faut supposer que des voisins plus élevés que je ne suis dans cet immeuble se sont débarrassé négligemment des restes d’un apéro sur mon misérable rez-de-chaussée qui, du haut de leur septième étage, ne doit pas leur sembler plus grand ni surtout digne d'attention qu’un Tuc.

    Depuis, les passants s’extasient sur mes plants de tomate et commentent la pousse des fruits, qui ces jours-ci passent sans prévenir du vert au rouge. Comme je lustrais la terrasse de mon colocataire cet après-midi tandis qu’il faisait ses derniers cartons avant de débarrasser la moquette, et que dans les rigoles indifférentes se répandait une marée verdâtre gorgée de mousses et de champignons microscopiques éradiqués par mon éponge métallique, des dames commentèrent le charme de mon îlot de verdure, mais je les prévins qu’il ne fallait pas goûter aux fruits, quels que tentants qu’ils fussent, car sans doute leurs sucs étaient saturés de toutes ces saloperies que mes voisins du dessus, je veux parler de ceux du premier étage cette fois, jettent par leurs fenêtres avec un sans-gêne inexplicable : cotons-tiges, tampons démaquillants et autres, mégots, bouteilles et canettes, et je ne sais quels produits détergents que je soupçonne d’être la cause de l’infertilité de la moitié de mon potager-mouchoir-de-poche. Les tomates du frigo sont beaucoup plus sûres, vous dis-je.