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Poème sans objet

Je remarquai plusieurs choses :

l'oreille animalement ourlée d'un homme dont la haute statue se mirait dans l'asphalte sombre et trempé d'enseignes luminescentes ;

le fuseau adorable des jambes d'un autre marchant vers moi, escorté d'une femme dévorante d'amour — je le laissai passer puis me retournai sur son passage, impressionné par tant de grâce virile, désirant ces jambes-là de cet homme-là, que des morceaux de tissu pauvrement assemblés sur un autre continent habillaient d'un pantalon si impudique ;

un défilé d'hommes et de femmes tous vêtus de robes blanches et reliés par de longs voiles dont la tulle ployait en graves paraboles ;

des mannequins de boutique amoncelés dans le froid négatif, écoutant stupidement une aubade hystérique ;

un couple démuni et un jeune enfant assis dans le soir pluvieux ;

le visage parfaitement bizarre d'un chanteur parfaitement mort ;

les coups d'œil imaginaires des piétons de Cœur-de-Paris ;

le temps qui défigurait cent fois par seconde ces êtres invraisemblables comme mon amour errant s'ornait d'une écriture délicatement triviale.

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