Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Paterson

Je m'étais assoupi avant le début du film. Il m'a semblé, au cadran phosphorescent de ma montre, que j'avais raté le premier quart d'heure. A l'écran, un homme conduisait un bus. Non, la scène, à mon réveil, était pareille à l'affiche du film: un homme et une femme dans un lit, filmés en plongée comme l'on voit dans les films japonais. C'est après que l'homme conduisait le bus, une fois refermé le carnet sur lequel il écrivait en attendant de démarrer.

Le film n'était qu'obsessions et répétitions.

Le nom de Paterson était partout, et, dans la dernière séquence, cette idée que lire un poème dans une autre langue que celle où on l'a déposé serait comme prendre une douche en imperméable. Comme je cherchais, pour le déposer au guichet, le bonnet de femme que j'avais senti sous ma semelle en m'installant tout à l'heure, et que je ne le trouvais plus sur le siège voisin du mien où je l'avais laissé pendant la projection, je conclus qu'on était venu le chercher pendant mon somme.

J'avais acheté Howl un peu avant Noël: ce n'était donc pas un hasard si Allen Ginsberg, mentionné parmi les hommes illustres de Paterson, New Jersey, s'était trouvé sur une table de la librairie non loin du cinéma. "Incomparable blind streets of shuddering cloud and lightning in the mind leaping toward poles of Canada & Paterson, illuminating all the motionless world of Time between..."

Pendant les vacances, j'ai disposé des livres dans ma cuisine: des livres de cuisine et des livres de poésie. J’ai préparé une tarte aux choux rouges, oignons rouges et pleurotes, avec une pâte assombrie à l'eau de cuisson de riz noir.‎ Je voudrais confectionner le black cake d'Emily Dickinson, mais sa recette est trop elliptique; elle l’a sans doute écrite pour elle seule.

Les commentaires sont fermés.