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folie minuscule - Page 7

  • Simplicité et complexité de la vie et de la mort

    J’ai tout rangé dans le coffre de la voiture, puis mon clavier en travers de la banquette arrière. Je démarre, m’arrête au bout de quelques mètres, baisse la vitre passager pour discuter avec mon voisin. Je fais le plein de carburant. Le client de la pompe voisine interpelle la cliente de la pompe voisine : "C’est interdit de téléphoner dans les stations-essence !" Elle fait des gestes mais ne lâche pas son smartphone. Il rentre dans sa voiture, s’apprête à démarrer, quelques secondes, il regarde droit devant lui mais ne démarre pas, ressort, se dirige vers la rebelle et lui montre l’affichage où je suppose que l’interdiction est formulée noir sur blanc. Il part enfin. Pas mieux que ce couple qui, la veille, devisait au sujet d’un homme qui les avait interpellés sur le boulevard : "Nous aussi on a besoin d’argent, c’est pas pour ça qu’on fait la manche." — La surveillance dans le quotidien et la morale de boulevard décomplexés par la pandémie.

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  • Le corps qu’on gère

    Bien qu’on ait du cœur à l’ouvrage, l’Art est long et le Temps est court. Par un détour :

    Well though my heart attacks its task,
    Yet Art is long and Time is short.

    Ailleurs, un lecteur genre fin-de-siècle, souriant décadent, amèrement léger, avait lu Baudelaire et Nerval : En vérité, la Vie est bien brève, le Rêve bien long. Et de se demander en petits vers :

    jules laforgue

    Yet he had commuted the Flowers of Evil to Flowers of Goodwill. Je me souviens d’un professeur qui avançait que Baudelaire regrettait l’absence du   e   après le   B, ou qu’il se fût mieux porté sous l’étiquette plus flatteuse   de     la       b e a u t é. Dans leurs copies, les lycéens le lui accordent souvent, de même qu’ils fichent un   p   supplémentaire au nom d’Apollinaire et lui retranchent un   l. Quant à Nerval, ils préfèrent l’appeler Gérard, comme des générations de commentateurs attendris l’ont fait, comme si le Grand Désespéré invitait le lecteur au commentaire consolatoire.

    Charles, Guillaume, Gérard et Jules, et j’oubliais Arthur, ont bien mal géré leur corps. Pas un n’a atteint le demi-siècle. Ils y seraient peut-être arrivés avec un peu de management personnel, de soja ou de souffrologie.

    J’étais à Marseille à l’âge où le dur Arthur y creva. J’atteindrai sous peu l’âge baudelairien. — Je suis guéri de sa poésie !

     

    But a scar in my Blood
    Reminds me of my Sin.

     

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  • Salaison

    Le premier film contait la vie de celle dont je chante les poèmes. Je fus aussi déçu que je l’espérais : on n’y voyait nulle abeille, nul rouge-gorge. Elle était spirituelle, son bavardage aussi délié que ses vers sont hachés.

    Dans le deuxième, un jeune homme mourait dès le début. On le maintint en vie artificiellement jusqu’à la fin du film, quand son cœur fut transplanté dans le corps d’une femme qui n’en avait presque plus.

    Le troisième n’avait d’intérêt que pour les plans contemplatifs sur une planète dont le champ magnétique ondoyait aussi indolemment que le permettent les effets spéciaux.

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    — Ce week-end-là, je chantai dans une ferme : un chant corse et une antique chanson à boire. Le poêle était trop puissant pour six chanteurs qui commençaient un thé dans une tasse et le terminaient dans une autre, si bien qu’on ouvrait la porte de temps à autre malgré la pluie et l’air mauvais. La soprano eut tant de peine à démarrer qu’il fallut pousser sa voiture — car les roues patinaient dans la boue.

    Dans une autre ferme, il y eut un déjeuner de pâtes et de ratatouille. La table était joliment dressée. Des tranches de pain grillaient sur le poêle à bois, les tranches de radis ressemblaient à s’y méprendre à du jambon, mais d’authentiques saucisses pendaient dans la cave, et des pièces de viande couvertes de sel remplissaient de grands plats en inox. Avant le dessert, on regarda les photos du cochon. On le mangerait l’année prochaine.

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  • Où es tu

    Je rêve de maisons depuis le début de l’année. C’est rêver doublement : une boîte dans la boîte du rêve. J’ai le tort de ne pas noter mes rêves quand les impressions persistent encore. Très vite, elles s’amollissent, le récit devient lacunaire. Demeure l’angoisse, c’est-à-dire rien d’autre que l’enfermement.

    Parfois elles m’apparaissent dans leur structure : je les observe comme sur un plan, ou comme le géant qui aurait soulevé le toit.

    Souvent elles n’ont pas de fenêtres, ou alors ce sont d’imposantes ouvertures aux courbures de loggias, immensément vitrées.

    Il y en a une qui sortait d’une épopée futuriste, mais une ruine souterraine, quelques marches pour descendre jusqu’à la porte d’entrée, une porte qui ne s’ouvrait qu’à demi. Passer de profil comme une carte à jouer, entrer dans une pièce où l’on pouvait à peine entrer, des cloisons partout, déception.

    J’avais volé une cigarette à ma mère. Je rentrais tard. Elle gravissait l’escalier, se retournait comme j’arrivais, me parlait, mais que disait-elle ? Je ne l’avais pas vue depuis si longtemps que je prends le temps de l’admirer hors du rêve : sa chevelure, son regard, sa voix, secrets enfermés dans mes boîtes. Je lui cachais des choses, et encore dans mes rêves. Mais chez nous, il n’y avait pas d’escalier.

     

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    Couvre-feu bleu
    Maison de
    Nuit

     

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